3 février 2016 à 6h10 par Anthony MARSAIS

Lourdes peines pour les "faux policiers" qui volaient les personnes âgées

L'un des 4 prévenus n'est pas revenu au tribunal pour entendre sa peine. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt.

RCA
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Les quatre "faux policiers" jugés depuis lundi pour avoir volé des dizaines de personnes âgées en 2011 et 2012, dans l'agglomération nantaise mais aussi à Basse-Goulaine, Clisson, La Regrippière, Pornic ou encore La Baule, ont écopé mardi de lourdes peines par le tribunal correctionnel de Nantes.

 

M.D., qui comparaissait libre à l'audience, a ainsi été condamné à trois ans de prison fermes et immédiatement incarcéré. Pas moins de seize policiers avaient été déployés dans la salle d'audience lors de l'énoncé du jugement, par crainte de débordements de la part de la famille de cet homme issu de la communauté des gens du voyage.

 

Ce Nantais de 52 ans, employé d'une entreprise du bâtiment, avait déjà été condamné en 1996 à douze ans de prison par la cour d'assises de la Loire-Atlantique pour des "viols en réunion" et "violences sous la menace d'une arme".

 

Son frère S.D., qui habite près de La Bruffière (Vendée), a écopé de la même peine par le tribunal correctionnel de Nantes. Un mandat d'arrêt a été décerné à son encontre : l'homme de 35 ans avait déserté le Palais de justice après que le procureur de la République ait réclamé mardi matin cinq ans de prison, dont quatre fermes, pour lui et son frère.

 

DE 6 A 26 "VOLS A LA FAUSSE QUALITE"

 

Leur neveu F.C., un Couëronnais de 27 ans, a lui écopé de deux ans de prison fermes ; détenu dans le cadre d'une autre affaire, il est reparti en détention à l'issue de l'audience. Enfin, M.M., un Manceau de 25 ans, a été condamné à un an de prison ferme, mais sans mandat de dépôt ; c'est un juge d'application des peines (JAP) qui décidera de quelle manière il devra purger ces douze mois (incarcération, semi-liberté, bracelet électronique...).

 

Au final, tous les quatre ont été reconnus coupables de six à trente-six "vols à la fausse qualité", et ont été relaxés faute de preuves des autres délits qui leur étaient reprochés.

 

Les avocats de la défense avaient pourtant mis en garde le tribunal contre la "présomption de culpabilité" dont étaient victimes leurs clients, selon eux. "Une telle masse de dossiers vaut preuve par elle-même : on peut douter une fois, deux fois, mais pas quarante", avait regretté Me Pierre Huriet, l'avocat de F.C., le seul prévenu qui comparaissait détenu. "Le seul fait de rajouter des dossiers, même s'ils sont bancals, renforce cette dangereuse conviction."

 

"Vous n'êtes pas au service des parties civiles, vous devez raisonner en magistrats, en juristes", avait également plaidé Me Fabrice Petit, après avoir souligné les incertitudes qui planaient sur la culpabilité de son client, S.D..

 

DES LINGOTS D'OR A 230.000 €

 

Les quatre prévenus devront toutefois rembourser plus de 270.000 € aux parties civiles, dont 230.000 € pour une seule d'entre elles, qui avait été délestée de lingots d'or. Le procès, initialement prévu pour durer trois jours, avait finalement été écourté au vu du faible nombre de victimes présentes à l'audience, plusieurs étant décédées entre-temps.

 

D'autres s'étaient fait représenter à l'audience par des membres de leur famille. C’est le cas d’un habitant de Sainte-Pazanne venu défendre les intérêts de sa mère de 94 ans, qui habite Clisson.

Écouter Ils ont prétexté qu'ils cherchaient un chat

 

A l'instar de sa mère, tous les plaignants ont fait état de scénarios en deux temps : un complice prétendait d'abord que son enfant avait "jeté un objet" dans leur jardin, ou bien que leur chat s'y trouvait, pour s'introduire chez eux afin de "venir le récupérer". Des variantes existaient : parfois, il s'agissait d'un prétendu "agent EDF" qui devait "planter un poteau dans le jardin", ou encore d'un soi-disant "agent des eaux" venu vérifier une fuite sur une canalisation.

 

De faux policiers intervenaient alors dans un second temps, en affirmant que les premiers venus étaient en réalité des voleurs et qu'ils devaient inspecter les lieux pour vérifier si des objets n'avaient pas été dérobés. Ils repartaient avec certains bijoux officiellement "pour relever les empreintes" au commissariat de police... mais ne revenaient jamais avec./GF (PressPepper)


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