3 décembre 2015 à 15h27 par Anthony MARSAIS

« Un médecin peut-il s'amuser à retirer des poils intimes à des dames ? »

Le tribunal correctionnel de Nantes a condamné ce jeudi sept gérants de salons de beauté qui utilisaient des appareils à lumière pulsée pour réaliser des épilations. La pratique, selon le tribunal, est réservée aux médecins.

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Sept gérants de salons de beauté ont été condamnés jeudi pour "exercice illégal de la profession de médecin", pour avoir pratiqué des épilations à la lumière pulsée en dépit d'un arrêté ministériel de janvier 1962, qui les contraint à ne pratiquer que des épilations "à la pince ou à la cire" et réserve le reste aux médecins.

 

Le tribunal correctionnel de Nantes a prononcé des amendes de 2.000 € avec sursis pour les sept personnes physiques poursuivies, et des amendes de 4.000 € avec sursis pour les entreprises. Lors de l'audience, le 8 octobre, le parquet avec également réclamé des amendes avec sursis, mais deux fois plus élevées que celles finalement prononcées par les juges. Aucune confiscation du matériel n'a toutefois été ordonnée, contrairement aux réquisitions du ministère public.

 

Ces six femmes et un homme, qui exercent à Nantes, Carquefou et Rezé, avaient prévenu après l'audience qu'une telle confiscation les contraindrait à licencier une partie de leurs esthéticiennes.

 

"Tous les autres pays européens autorisent les esthéticiennes à pratiquer ces épilations", avait affirmé l'avocat d'une prévenue. "Cet arrêté de 1962, totalement obsolète, ne vise qu'au maintien d'un monopole médical sur des actes à visée esthétique... 4.000 esthéticiennes pratiquent cette technique quotidiennement ; si c'était dangereux, cela se saurait !"

 

DEMARCHAGE COMMERCIAL "TRES INTENSE"

 

"Je pensais sincèrement être dans mon bon droit quand je me suis lancée dans cette activité", avait ainsi témoigné une gérante d’un centre de beauté installé à Nantes. "A l'époque, on faisait face à un démarchage commercial très intense de la part des fournisseurs d'appareils, mais aussi à une demande très forte des clientes : si on ne leur en proposait pas, elles partaient à la concurrence, chez d'autres instituts de beauté qui étaient équipés."

 

Cette commerçante de 37 ans avait également affirmé "ne pas avoir eu la moindre brûlure" chez ses clientes, à qui elle demande au préalable l'accord de leur dermatologue. "Certaines ont eu des jambes brûlées, avec des incapacités temporaires de travail allant jusqu'à vingt jours", rétorque pourtant Me Karime More, avocat de la Fédération Nationale Syndicale de Médecine Esthétique et Anti-Âge (FNSMEA), qui s'était constituée partie civile contre les esthéticiennes.

 

Le syndicat recevra ainsi 100 € de dommages et intérêts et 150 € de frais de justice de la part de chacun des prévenus. Le conseil de l'ordre des médecins de la Loire-Atlantique recevra pour sa part 1 € de dommages et intérêts et 600 € pour ses frais de justice, comme il l'avait demandé.

 

"Un médecin qui nous forme à cette technique est même adhérent à la FNSMEA, le même syndicat qui nous attaque aujourd'hui", avait pourtant dénoncé une prévenue à l'audience. "Ces médecins me font penser à ces chasseurs qui élèvent des faisans, pour mieux les abattre à l'ouverture de la chasse", avait résumé Me Jean-Michel Pollono, l'avocat d'une autre.

 

Ecoutez d’ailleurs Maître Pollono. Selon lui, l’arrêté de 1962 est complètement obsolète puisque les appareils d’épilation à lumière pulsée sont en vente libre dans les commerces et sur internet…

Écouter Jean-Michel Pollono

 

 

 

 

 

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