26 janvier 2016 à 18h32 par Hélène Hamon

Notre-Dame-des-Landes : après les expulsions, c'est désormais à l'Etat de trancher

Ce lundi, le juge de l'expropriation a ordonné l'expulsion de onze familles et de quatre agriculteurs qui vivaient sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. La balle est désormais dans le camp de l'Etat, alors que Manuel Valls a redit son intention, ce mardi, de voir le projet aboutir.

RCA
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Manuel Valls a réaffirmé mardi que le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes devait se poursuivre, au lendemain du feu vert donné par la justice à l'expropriation des derniers occupants légaux de la zone.

"Ce projet est nécessaire pour des raisons économiques, pour le grand Ouest", a déclaré le Premier ministre à l'Assemblée nationale, lors d'une séance de questions au gouvernement. Il ne s'est toutefois pas prononcé sur le calendrier précis des travaux, comme le pressent pourtant les partisans du projet.

 

Manuel Valls a simplement rappelé qu'il y avait "un rendez-vous" à tenir pour l'automne 2016, sans plus de précisions.

"Il y aura d'ailleurs un rendez-vous : ce sera à l'automne, parce que c'est là où toutes les mesures devront être prises pour donner une avancée décisive", a dit le Premier ministre. "Au-delà, et nous le savons tous, cela ne serait pas pas possible."

 

Selon plusieurs sources, cette échéance pourrait correspondre à l'échéance des premières procédures d'expropriation, les personnes indemnisées pouvant demander à réintégrer leurs biens faute de réalisation du projet. D'après Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, la principale association d'opposants au projet, Vinci disposerait également d'une "fenêtre de tir" entre septembre et novembre pour réaliser ses travaux avant l'hibernation des espèces protégées.

 

FEU VERT JUDICIAIRE

 

Ces déclarations surviennent au lendemain du feu vert donné par le juge de l'expropriation du tribunal de grande instance de Nantes, qui a autorisé Aéroports du Grand Ouest (AGO) à solliciter les CRS et gendarmes mobiles à compter du 26 mars prochain pour procéder à l'évacuation des lieux qui n'auraient pas été libérés.

 

Aucune astreinte financière n'a toutefois été imposée à leurs occupants, alors que la filiale du groupe Vinci concessionnaire du projet réclamait précisément des pénalités d'au moins 200 € par jour de retard.

"Avec ce jugement, on revient au point de départ : c'est à l'Etat de décider s'il veut, oui ou non, procéder à l'évacuation de la zone", résume l'un des avocats des expropriés, Me Etienne Boittin. "Si le juge avait prononcé de lourdes astreintes financières, cela aurait conduit leurs habitants à se faire hara-kiri et à partir d'eux-mêmes."

 

Bruno Retailleau, nouveau président (LR) de la région Pays de la Loire, a donc sommé le gouvernement de Manuel Valls de "procéder rapidement au lancement des travaux et à l'évacuation de la ZAD", la "zone d'aménagement différé" rebaptisée en "zone à défendre" par les militants alternatifs ou anarchistes qui l'occupent illégalement.

"Il est illusoire de penser que des travaux éloignés de la ZAD, sur la desserte routière par exemple, ne rencontreront aucune opposition", juge Bruno Retailleau. "Les zadistes sont absolument déterminés, et aucune entreprise privée n'acceptera de travailler sur le chantier s'il reste des poches de contestation."

 

"PLUSIEURS CENTAINES" DE RENFORTS ATTENDUS

 

Philippe Grosvalet, président (PS) du conseil départemental de la Loire-Atlantique, demande aussi à François Hollande de "rendre public le calendrier des travaux dans les meilleurs délais".

Europe Ecologie - Les Verts (EE-LV) et les autres partis écologistes ont pour leur part appelé la ministre de l'Environnement Ségolène Royal à "réaffirmer (son) opposition au projet", et ont réitéré leur souhait de faire réaliser au plus vite "une étude sérieuse et objective sur l'optimisation" de l'actuel aéroport de Nantes, au sud de l'agglomération.

"Le délibéré (...) conforte plus que jamais le fait que la décision concernant Notre-Dame-des-Landes est dans le camp politique", estiment leurs élus locaux dans un communiqué, alors qu'une assemblée générale entre "les différentes composantes de la lutte" (zadistes, paysans, comités locaux...) contre le projet d'aéroport est organisée ce mardi soir.

 

Les agriculteurs du collectif COPAIN 44, qui avaient déjà tenté le 9 janvier de bloquer la circulation sur l'un des principaux ponts de Nantes avant d'en être expulsés par les forces de l'ordre, ont d'ores et déjà annoncé mardi leur intention de "mettre tout en oeuvre pour empêcher l'expulsion" de leurs homologues de Notre-Dame-des-Landes.

Les zadistes ont eux annoncé mardi la venue de "plusieurs centaines de personnes" les 30 et 31 janvier prochain sur la zone du futur aéroport, pour "renforcer les structures collectives, matérielles, agricoles, défensives et festives" de la ZAD./GF


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