28 janvier 2016 à 6h58 par Anthony MARSAIS

Braquage du directeur d'Intermarché à Haute-Goulaine : les deux suspects relaxés !

Les avocats des prévenus ont mis en avant les failles des investigations sur la téléphonie mobile. Le parquet a 10 jours pour faire appel.

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Les deux hommes suspectés d'avoir volé une mallette contenant 25.000 € au directeur du magasin Intermarché de Haute-Goulaine, le 15 juillet 2013, ont finalement été relaxés mercredi soir par le tribunal correctionnel de Nantes.

 

Le parquet - qui avait réclamé dix-huit mois de prison fermes pour A.A. (27 ans) et huit mois de prison avec sursis pour son prétendu "complice" N.T. (22 ans) - a dix jours pour faire appel de cette décision. S'il y renonçait, les deux hommes pourraient demander à être indemnisés pour leurs 11 et 13 mois de détention provisoire.

 

Ces deux habitants de Saint-Herblain avaient fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen après avoir été interpellés en Espagne, alors qu'ils partaient en vacances au Maroc, en possession de grandes quantités d'argent liquide d'origine douteuse. Les billets étaient cachés dans leurs chaussettes... et même dans le slip d'A.A.

 

"C'est un endroit sûr, madame", a-t-il expliqué mercredi à la présidente du tribunal correctionnel de Nantes. "En Espagne, vous savez, il y a des pirates de la route : ce sont de faux policiers, ils vous arrêtent et après, ils vous agressent."

 

PORTRAITS-ROBOTS

 

Un rapprochement avait alors été fait avec des portraits-robots établis après l'agression du directeur du supermarché (aujourd'hui U Express), qui avait reçu ce lundi matin un violent coup de poing à la mâchoire par un inconnu. La victime s'apprêtait alors à déposer la mallette, contenant 7.000 € de chèques et 18.000 € en liquide, dans le coffre de sa voiture.

 

Le directeur du magasin, qui se verra prescrire dix jours d'interruption temporaire de travail (ITT), avait alors coursé son agresseur en réquisitionnant un automobiliste... qui s'était finalement avéré être son complice : l'agresseur, une fois retrouvé, avait de nouveau roué de coups l'homme de 67 ans et était reparti en compagnie du prétendu "sauveur".

 

Peu de temps après, un témoin avait alors vu deux hommes en train de brûler des chèques, dans une impasse située à proximité, et avait relevé le numéro de la plaque d'immatriculation de la Renault Clio de N.T. Mais ce dernier l'avait alors "prêtée" à ce moment-là à un ami de son frère, avec qui il est à présent en froid.

 

"Je ne suis pas assez stupide pour aller faire un braquage avec ma propre voiture et mes propres plaques d'immatriculation", a fait remarquer le propriétaire de la Clio aux membres du tribunal.

 

UN "CAUCHEMAR EVEILLE"

 

Son co-prévenu, déjà condamné neuf fois, a lui multiplié les incidents au cours de sa détention (insultes sur les personnels pénitentiaires, portables retrouvés en cellule...). "Je réponds à la frustration par la violence verbale : je suis innocent dans cette affaire !", avait-il clamé au début de son procès. "Cela fait treize mois que j'ai l'impression de vivre un cauchemar éveillé : dans ma tête, je me suis fait un millier de films, je suis une super-production à moi tout seul !".

 

Les avocats des deux prévenus, qui n'ont eu de cesse de se charger mutuellement au cours des débats, ont finalement obtenu leurs relaxes en mettant en avant les failles des investigations sur la téléphonie mobile. Me Stéphane Vallée, qui défendait N.T., a aussi relevé que l'argent retrouvé en Espagne pouvait provenir de ses allocations-chômage.

 

Me Sami Khankan, l'avocat d'A.A., a lui souligné que son client avait réclamé à de nombreuses reprises, mais en vain, d'être confronté au plaignant. "Vous en connaissez beaucoup des suspects qui réclament à cor et à cri une confrontation avec leur victime ?", avait-il objecté au tribunal, pour prouver "l'innocence" de son client. "S'il était l'auteur de l'agression, il se serait jeté dans la gueule du loup, dans la fosse aux lions."/GF (PressPepper)


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