29 janvier 2016 à 8h08 par Anthony MARSAIS

Violences conjugales à Sainte-Pazanne : le couple pourra continuer de vivre ensemble

La victime est soulagée. Son compagnon, condamné, peut toujours la voir. Scène surprenante au tribunal correctionnel de Nantes.

RCA
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Un habitant de Sainte-Pazanne a été condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour des violences sur sa compagne, mais il ne lui a pas été interdit d'entrer en contact avec sa victime... au grand soulagement de cette dernière, qui lui est tombée dans les bras à l'issue du procès.

 

La chambre des comparutions immédiates du tribunal correctionnel de Nantes a toutefois contraint F.P. à suivre une mise à l'épreuve de deux ans, durant lesquels il aura obligation de soigner ses problèmes d'alcool.

 

"La balle est dans votre camp, monsieur : si vous vous rendez à nouveau coupable de violences, il serait logique que vous comparaissiez détenu", l'a mis en garde la présidente du tribunal à l'énoncé du jugement. "Vous risquez aussi de voir cette peine révoquée si vous n'avez pas l'intelligence ou la constance de suivre les soins qu'on vous impose."

 

"Une vingtaine d'ecchymoses" et "une plaie au niveau de la tête" avaient en effet été constatées sur la victime, lors du dépôt de sa plainte, fin décembre. Traitée de "salope" et de "connasse", elle avait également vu son "genou tordu" lors d'une précédente dispute, et un balai "cassé sur sa jambe" au cours d'une autre altercation.

 

"PROBLEME D'ALCOOL MUTUEL"

 

L'enquête a toutefois permis de mettre au jour un "problème d'alcool mutuel" dans ce couple, et que la victime avait fait plusieurs tentatives de suicide (scarification, ingestion médicamenteuse...) depuis sa séparation avec son mari. Redoutant de "rester toute seule", elle a d'ailleurs très mal vécu l'interdiction qui lui a été faite d'entrer en contact avec son nouveau compagnon, pendant les quatre semaines de son contrôle judiciaire, suite au dépôt de sa plainte.

 

"Cette période m'a vraiment fait réfléchir : moi aussi j'ai des choses à me reprocher... Je me suis dit qu'il fallait que je me mette un coup de pied aux fesses", a témoigné la plaignante, qui ne demandait pas de dommages et intérêts. 

 

"Moi aussi j'ai besoin de me faire aider : je suis en train de reproduire un schéma dont j'ai souffert étant enfant", a ajouté cette employée d’usine à Indret. "J'ai vu ma mère se faire tirer les cheveux, à poil, par mon père... A 7 ans, j'ai aussi dû séparer mes parents quand ils se disputaient."

 

"Le pire, c'est qu'on a tout pour être heureux", a encore déploré cette mère de deux enfants. "S'il n'y avait pas ces problèmes d'alcool, on aurait une vie normale : on va au parc avec les enfants, on fait des jeux de société..."

 

"MALADE A VIE"

 

Le prévenu a lui aussi reconnu avoir "une addiction à l'alcool" : cet ouvrier de 31 ans, qui vit avec la victime depuis neuf mois, a déjà fait une cure de désintoxication de deux mois, à ses 25 ans, mais a rechuté au bout de six mois.

 

"J'ai cru que je pouvais de nouveau boire normalement... En fait, j'ai réalisé que j'étais malade à vie", reconnaît sans détours l’accusé.  

 

La procureure de la République avait toutefois requis huit mois de prison avec sursis à son encontre, et surtout une mise à l'épreuve de deux ans durant lesquels il lui aurait été interdit d'entrer en contact avec la victime. Des réquisitions qui ont fait fondre en larmes la plaignante, qui ne pouvait manifestement se résoudre à cette perspective./GF (PressPepper)


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