7 octobre 2015 à 7h07 par Anthony MARSAIS
Saint-Nazaire/Saint-Herblain : un Havrais accusé du braquage de deux bureaux de poste
Le principal suspect nie les faits. Une guichetière, victime du braquage à Saint-Nazaire, nous raconte ce qu'elle a vécu.
Un Havrais de 24 ans est jugé depuis mardi devant la cour d'assises de la Loire-Atlantique pour le braquage de deux bureaux de poste, commis en février 2013 en moins d'une heure à Saint-Nazaire puis Saint-Herblain, près de Nantes.
Au premier jour de son procès, qui doit se terminer vendredi, le prévenu s'est toutefois déclaré "innocent" des faits qui lui étaient reprochés. L'accusation estime pourtant avoir plusieurs éléments de nature à incriminer ce jeune homme d'origine sénégalaise, qui habite un quartier sensible au Havre.
L'enquête avait ainsi démarré le 4 février 2013, à 12h45, après le vol d'une Audi A4 break à Pornichet, dont le conducteur avait été délogé par deux agresseurs - dont l'un d'eux monté sur son capot en brandissant un pistolet. Tous deux sortaient alors d'une Ford Mondeo, conduite par un autre homme, dont la plaque d'immatriculation avait été modifiée à l'aide de ruban adhésif. Mais la victime avait retenu que "le chiffre des dizaines était le 7" et qu'il comportait "le logo de la Haute-Normandie"...
Coïncidence ou non, cinq minutes plus tard, la Poste centrale de Saint-Nazaire avait été braquée par trois individus - en "deux minutes et vingt-trois secondes", selon les enquêteurs - qui étaient repartis à bord d'un break Audi.
Agnès était alors guichetière au bureau de poste Avenue de la République à Saint-Nazaire. Elle nous raconte la scène.
Écouter 'J'avais peur qu'un coup de feu parte'
Une scène violente et choquante. La reprise du travail a ensuite été compliquée.
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Depuis, Agnès a changé de bureau de poste.
A 13h50, le 4 février 2013, c'est le bureau de poste situé près de l'Hôtel de ville de Saint-Herblain, à 45 minutes de route de là, qui avait été victime d'un vol à main armée. Si le butin du premier braquage n'a pas été précisé, celui du second avait été évalué à 10.000 €.
EMPREINTES GENETIQUES
Moins de quatre heures plus tard, l'Audi A4 break avait été découverte brûlée à Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), près du Havre, tandis qu'une Ford Mondéo appartenant à un jeune Havrais était retrouvée à Saint-Nazaire... Son propriétaire avait alors affirmé aux enquêteurs l'avoir "prêtée" au prévenu au moment des faits.
Lors de la perquisition au domicile de la mère de l'accusé, les policiers avaient alors retrouvé un bas de survêtement semblable à celui porté par les braqueurs de Saint-Nazaire et Saint-Herblain. De même, les empreintes génétiques du jeune homme avaient été retrouvées sur le volant et le levier de vitesse de la Ford Mondeo retrouvée à Saint-Nazaire.
Les enquêteurs avaient aussi fait le rapprochement avec le spectaculaire braquage commis le 6 juillet 2012 au bureau de poste du quartier Graville, au Havre (Seine-Maritime), d'où les voleurs étaient repartis avec 130.000 €. Le lendemain des vols commis en Loire-Atlantique, l'un des demi-frères de l'accusé avait d'ailleurs été interpellé avec deux autres complices présumés.
Depuis, ce jeune de 20 ans a été condamné par une cour d'assises des mineurs à douze ans de réclusion criminelle pour ces faits, mais a fait appel de la décision, s'estimant "innocent".
"JAMAIS DE LA VIE JE NE FERAI UN BRAQUAGE"
Interrogés sur les faits commis en Loire-Atlantique, ces trois suspects ont nié toute implication, bien que l'un d'eux connaisse Saint-Nazaire "pour y avoir de la famille". Eux et l’acusé avaient par ailleurs passé des vacances ensemble au Maroc, quelques semaines après le braquage du bureau de poste havrais, bien qu'ils soient au chômage.
En attendant, les jurés de la cour d'assises de la Loire-Atlantique ont pu découvrir mardi la personnalité de l'accusé, simplement condamné jusqu'alors pour deux "conduites sans permis" : cet ancien élève du collège Descartes, puis du lycée professionnel Lavoisier, a arrêté sa scolarité après une "altercation verbale" avec un enseignant. Après quelques jobs comme cariste intérimaire, il s'est retrouvé sans emploi.
Le suspect a néanmoins reconnu gagner de l'argent "en gardant des sacs" de stupéfiants pour d'autres habitants de Mont-Gaillard, en échange de "500 à 1.000 € par jour". "Moi, j'ai toujours voulu travailler, mais je ne n'ai jamais trouvé... Quand on est vraiment dans la difficulté, on n'a pas le choix, en quelque sorte", s'est-il justifié.
"Jamais de la vie je ne ferai un braquage : tous les jours, dans les journaux, on voit qu'il y a de grosses peines qui tombent", a également affirmé cet ancien joueur de foot dans des clubs de quartier du Havre. "C'est un sport national au Havre, infiniment triste", confirme son avocat rouennais, Me Hugues Vigier./GF (PressPepper)
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