16 juin 2016 à 5h48 par Anthony MARSAIS
Saint-Nazaire : quinze ans de réclusion criminelle pour avoir tué son rival amoureux
La préméditation n’a pas été retenue.
Quinze ans de réclusion criminelle ont été prononcés mercredi à l'encontre de B.S., un jeune originaire de la région de Villers-Cotterêts (Oise) jugé depuis lundi aux assises pour avoir tué le nouveau petit ami de son ex-compagne, en juillet 2014, à Saint-Nazaire, à coups de couteau.
Les jurés de la cour d'assises de la Loire-Atlantique - qui ont aussi ordonné un suivi socio-judiciaire de trois ans à sa sortie de détention - ont écarté aussi toute "préméditation" dans son meurtre, comme le soutenait pourtant le parquet.
Plus tôt dans la journée, l'avocate générale avait ainsi requis vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour cet "assassinat", passible théoriquement de la réclusion criminelle à perpétuité : Fabienne Bonnet n'avait pas requis le maximum légal en raison de la particulière "jeunesse" de l'accusé et de sa "personnalité".
Ce jeune homme de 21 ans, né à Senlis (Oise), avait d'abord grandi avec sa mère à Nanteuil-le-Haudouin (Oise), avant de venir vivre chez son père à Faverolles (Aisne) à l'âge de 8 ans. La famille était ensuite revenue à Nanteuil-le-Haudouin, puis avait déménagé à Villers-Cotterêts (Aisne). Exclu en 3e de l'internat du collège de Vervins (Aisne), B.S. était reparti vivre chez sa mère et son nouveau compagnon, désormais installés sur Nantes, suite à une dispute avec son père : il venait de voler 10.000 € à ses grands-parents pour payer du cannabis à ses amis.
"C'est un enfant ballotté entre ses parents, qui n'a jamais vécu avec eux alors que c'était certainement un rêve", avait résumé l'avocate générale, dans ses réquisitions. "Il a eu du mal à trouver sa place, dans deux familles rapidement recomposées... C'est incontestablement quelqu'un d'immature, en quête d'affection et d'amour."
L'accusé - dont les parents s'étaient séparés alors qu'il avait 10 mois - aurait ainsi eu, la nuit du crime, "une colère refoulée" en son for intérieur : 49 coups de couteau ont été retrouvés sur la victime I.C, surpris dans son sommeil, alors qu'il dormait aux côtés de sa petite amie. B.S. - qui avait vécu avec elle trois ans émaillés de "cinquante ruptures" - ne supportait pas la séparation : il harcelait la jeune femme au téléphone et lui faisait du chantage au suicide.
UNE PETITE AMIE "ASSEZ MECHANTE"
Au cours de l'enquête, la jeune fille a admis avoir pu être "assez méchante" et "insultante" à l'égard de l'accusé, à qui elle reprochait de "ne pas avoir de personnalité" et de fumer trop de cannabis. Ce dernier, devenu dépressif, avait eu pour sa part un véritable "coup de foudre" pour celle qu'il estimait incarner "la perfection physiquement et mentalement".
Son crime s'était ainsi produit dans l'obscurité, à l'étage de la maison de ses ex-beaux-parents, au terme d'une soirée à laquelle il n'était initialement pas convié. Mais, informé de la venue de son rival, il s'y était invité... et avait tué I.C. trois heures après avoir surpris une relation sexuelle du couple, alors que lui-même était caché dans un dressing. Entre-temps, le frère de son ex-petite amie et un autre copain avaient tenté de le calmer, mais en vain. Juste après son crime, B.S. s'était également donné des coups de couteau, pour mettre fin à ses jours.
Les deux avocats de la défense, de leur côté, avaient insisté sur la "lourdeur" de la peine requise contre leur client. "Vingt-cinq ans de réclusion criminelle, c'est plus que le temps qui s'est écoulé depuis sa naissance", avait insisté Me Loïc Cabioch. "Il est passé de la romance au film d'horreur", avait plaidé pour sa part Me Delphine Branquet, qui voulait simplement "une peine juste" pour le jeune homme./GF (PressPepper)