25 avril 2016 à 18h12 par Hélène Galiana
Huit étudiants et chômeurs jugés après le squatt d'un bâtiment de la CPAM à Nantes
Des étudiants et des chômeurs étaient jugés ce lundi pour avoir dégradé les locaux de la CPAM en janvier dernier à Nantes.
Huit étudiants et demandeurs d'emploi âgés de 21 à 33 ans ont été jugés lundi par le tribunal correctionnel, après avoir été interpellés le 26 janvier dernier à Nantes à l'intérieur d'un entrepôt de la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM), qu'ils voulaient transformer en un squatt pour des mineurs étrangers isolés.
Les prévenus, qui habitent Nantes et Saint-Aignan-de-Grandlieu, étaient poursuivis pour "dégradation du bien d'autrui" : à leur arrivée, les policiers avaient retrouvé deux vitres brisées et des tags "ACAB" sur les murs.
"Ca veut dire All Colours Are Beautiful", a expliqué l'un d'eux, sans préciser que sa signification principale reste "All Cops Are Bastards" ("Tous les flics sont des bâtards"). "Ils étaient déjà faits avant qu'on arrive", a ajouté une autre, bien que certains tags soient explicitement datés de la veille.
"Pour nous, ce bâtiment avait l'air de ne servir à rien... Ca nous paraissait une bonne idée d'y loger des mineurs étrangers isolés", a déclaré une autre jeune femme. "On voulait voir s'il y avait du passage et s'il était insalubre."
"Il faut savoir que le département de la Loire-Atlantique, en charge de la protection des mineurs, ne remplit pas ses missions pour un certain nombre d'entre eux... Cela vaut à ses services d'être régulièrement assignés devant la justice administrative", a rappelé de son côté leur avocat. "A un moment donné, la société civile est obligée de réagir... Heureusement qu'il y a des gens comme eux qui ont le courage de faire ce que les politiques ne font pas."
UN "MANIFESTANT PROFESSIONNEL" PARMI LES PREVENUS
En attendant, la Sécurité sociale leur réclame un peu plus de 2.000 € pour ses frais de nettoyage et la "désorganisation de son service". Le procureur de la République a, lui, requis un stage de citoyenneté pour six des prévenus, inconnus de la justice. Le représentant du ministère public a demandé 300 € d'amende pour un autre, déjà condamné par le passé à dix mois de prison avec sursis, et surtout deux mois de prison fermes pour le dernier.
Un jeune de 23 ans connu des policiers pour être un "manifestant professionnel" et un "leader de l'ultra-gauche" locale, a en effet déjà été condamné quatorze fois depuis 2009. Il purge actuellement six mois de prison fermes, depuis le 21 mars dernier, pour avoir pris part à des heurts avec la police après une manifestation contre la loi Travail.
Le même a été relaxé entre-temps pour des tags sur la façade de l'Hôtel du département, toujours à Nantes, mais cette fois-ci en marge d'une manifestation pour la "réunification" de la Bretagne.
Le tribunal correctionnel de Nantes, qui a mis son jugement en délibéré, rendra sa décision le 23 mai prochain.
GF