4 janvier 2016 à 19h52 par Anthony MARSAIS
Bouaye : le faux gendarme démasqué par une gendarmette sur le site de rencontres
Un détenu en évasion a été condamné lundi en comparution immédiate à douze mois de prison, dont six fermes, après s'être fait passer pour un gendarme sur le site de rencontres Badoo auprès d'une internaute... qui s'était finalement avérée être elle-même gendarme !
Après avoir constaté que J.L. était en réalité absent de l'annuaire interne de la gendarmerie, la gendarmette avait alors consulté le Système de traitement des infractions constatées (Stic), où il était indiqué que ce jeune homme de 22 ans n'avait plus regagné depuis quatre mois le centre de semi-liberté où il était censé purger sa dernière peine.
Avec l'appui de ses collègues, la jeune femme avait alors tendu un piège à cet ancien militaire, en convenant avec lui d'un nouveau rendez-vous, le 1er janvier dernier, au soir, à Bouaye... A l'heure dite, l'homme s'était finalement retrouvé nez-à-nez avec un contrôle de gendarmerie, d'où il avait brusquement redémarré tous feux éteints.
Le jeune homme, qui avait percuté dans sa fuite une autre automobiliste dans un rond-point sans pour autant s'arrêter, avait finalement été interpellé le lendemain.
Outre son "refus d'obtempérer" et son "délit de fuite", il lui était également reproché d'avoir conduit ce soir-là sans permis et en état d'ivresse. Ce jeune SDF était également parti sans payer en octobre 2014 d'une chambre d'hôtes à Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine) puis du restaurant Courtepaille de Trégueux (Côtes d'Armor), près de Saint-Brieuc.
"BLESSURE NARCISSIQUE"
L'enquête avait également révélé qu'il avait aussi vidé par le passé le compte bancaire d'une autre jeune femme, habitant Coutras (Gironde), rencontrée sur Internet.
Devant le tribunal correctionnel de Nantes, où il a reconnu la totalité des faits, le prévenu a émis l'hypothèse d'une "vengeance inconsciente" envers les femmes, alors que sa compagne l'a quitté enceinte il y a un an. "J'étais dans une période où ça n'allait pas... Je ne savais pas quoi faire de ma vie, je n'avançais à rien", a-t-il dit aux juges nantais.
Son avocate a également appuyé l'idée de cette "blessure narcissique", alors que son client n'a été condamné qu'une seule fois par le passé - mais déjà pour des faits de "vol" de chéquier et "escroquerie". "Si on avait vraiment affaire à quelqu'un qui a une âme d'escroc, on n'aurait pas qu'une seule condamnation à son casier", avait-elle plaidé.
Me Agathe Bignan s'est également interrogée à l'audience sur la légalité de la consultation des fichiers internes par la gendarmette. "On n'est pas tous égaux dans les rencontres sur internet... Moi aussi, j'aimerais bien pouvoir consulter le Stic quand je dois faire appel à une nounou", a grincé l'avocate. "Je ne sais pas si elle fera l'objet de poursuites disciplinaires, mais donner une fausse identité sur un site de rencontres n'est pas en soi une infraction."
Son client, qui a été maintenu en détention à l'issue de l'audience, aura désormais pour obligation d'indemniser toutes ses victimes sous les deux ans, s'il ne veut pas voir sa partie de peine avec sursis transformée en prison ferme. Le parquet avait réclamé dix mois de prison fermes pour ce jeune homme originaire de l'Aude, dont le nom apparaît dans différentes enquêtes à Morlaix, Saint-Brieuc, La Roche-sur-Yon, Libourne ou encore Béziers./GF (PressPepper)
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