Publié : 9h22 par Gwen BROT

Le RN rouvre une porte que l’on croyait scellée : le retour des maisons closes au cœur du débat

En portant un texte sur la réouverture encadrée de maisons closes, Jean-Philippe Tanguy rallume un sujet longtemps laissé dans l’ombre. Un geste politique qui dépasse la simple réforme et interroge la place du corps, du droit et de la morale dans la société française.

Illustration : Série Maison clause
Illustration : Série Maison clause
Crédit : Vincent Flouret / CANAL+

On pensait le dossier définitivement refermé, relégué aux marges de l’histoire sociale. Pourtant, le Rassemblement National choisit de remettre au premier plan la question de la prostitution réglementée.
À l’initiative de ce mouvement, Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et figure montante du parti, qui travaille à une proposition de loi redessinant en profondeur le cadre actuel.
Sa démarche se veut protectrice, voire réparatrice, face à un système qu’il juge défaillant.

Une loi de 2016 contestée pour ses effets

Depuis près de dix ans, la pénalisation des clients constitue l’un des piliers de la politique française en matière de prostitution.
Mais Tanguy estime que ce dispositif a précarisé davantage encore celles et ceux qu’il prétendait défendre, en les poussant dans l’ombre et dans des espaces plus dangereux.
C’est au nom de cette réalité qu’il appelle à une réforme « plus digne » et « plus sûre ».

Les maisons closes réinventées : une vision de protection et d’autonomie

L’idée n’est pas de restaurer les bordels d’antan, mais de créer des lieux légaux, gérés en coopératives, sans proxénètes et placés sous une forme de tutelle sanitaire et sécuritaire.
Ces établissements offriraient : une protection médicale continue, un environnement sécurisé, des droits sociaux reconnus,Cune autonomie administrative pour les travailleurs du sexe. Une architecture pensée pour redonner voix et visibilité à une profession souvent reléguée au silence.

Un projet qui divise la classe politique

Le sujet demeure profondément tabou.
Au sein du RN, certains redoutent que cette initiative ne trouble l’image que le parti tente de consolider.
À gauche, la réaction est immédiate : pour nombre d’élus, ce projet revient à institutionnaliser une domination ancienne, incompatible avec les combats féministes.

Des travailleurs du sexe partagés entre prudence et espoir

Les premières réactions des organisations sont nuancées.
Beaucoup réclament, depuis des années, la reconnaissance d’un cadre légal qui protégerait réellement leur activité.
Mais elles refusent d’être associées à une formation politique qu’elles accusent d’instrumentaliser leur cause pour se doter d’un vernis social.

Un texte qui dit quelque chose du moment politique

Ce projet dépasse la question des maisons closes.
Il révèle une bataille plus large autour de la protection sociale, de la vision du corps dans l’espace public, et de la manière dont l’État doit — ou non — encadrer ce qui relève de l’intime.
Pour le RN, c’est aussi l’occasion de se présenter comme un parti qui entend défendre « les invisibles ».

Une question ancienne qui persiste dans la mémoire collective

Presque 80 ans après leur fermeture, les maisons closes demeurent inscrites dans l’imaginaire français, oscillant entre fascination historique et malaise moral.
Le débat qui s’annonce promet d’être dense, traversé de considérations éthiques, sociales et politiques.
Si le texte est déposé dans les prochains mois, il pourrait devenir l’un des grands marqueurs du paysage législatif à venir — un retour en lumière pour un sujet que l’on croyait depuis longtemps endormi.


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